Archive:Définition, causes et conséquences de l'illettrisme

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Objectif pédagogique

Savoir définir l'illettrisme, ses causes et ses conséquences

Méthode pédagogique

  • informations textuelles
  • interviews vidéos

Public cible

Personnes en situation d'illettrisme

Connaissances et pré-requis

Pas de pré-requis particulier

Validation

  • répondre à des questions à partir de plusieurs choix
  • QCM vrai faux

Contenus

# Définition

Le néologisme illettrisme est apparu en 1978 dans un rapport sur la pauvreté d'ATD-Quart Monde pour marquer l'émergence d'une nouvelle population en difficulté d'apprentissage qui cumule souvent d'autres difficultés, de logement, de santé, d'emploi, et la distinguer des populations analphabètes.

Mais, c'est au début des années quatre-vingt que le problème de l'illettrisme commence à être pris plus sérieusement en compte par les mouvements associatifs. Deux rapports se saisissent de la question : le premier, dans le cadre du Programme Européen de la lutte contre la pauvreté (1980) ; le second remis au premier Ministre, « Contre la précarité et la pauvreté, 60 propositions », (1982) de G. Oheix.

L'illettrisme est désormais un problème social et national qui justifie en 1984 la création d'un groupe interministériel (le GPLI) chargé d'établir un diagnostic et de faire des propositions. Il remettra au gouvernement un rapport «Des illettrés en France» ( par Vérinique Espérandieu ) qui fait encore référence et qui contribuera à une reconnaissance officielle du phénomène par l'Etat et à la mise en oeuvre de politiques de lutte contre l'illettrisme.

Le terme d'illettrisme reste aujourd'hui encore relativement flou. Depuis les années 70, il a continuellement été l'objet de polémiques de la part des chercheurs, des acteurs et des personnes en situation d’illettrisme.

La plus récente définition du Groupe Permanent de Lutte contre l'Illettrisme, mission interministérielle créée en 1984, date de 1995 : « Le GPLI considère comme relevant de situations d'illettrisme, des personnes de plus de seize ans, ayant été scolarisées, et ne maîtrisant pas suffisamment l'écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans la vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle. Ces personnes qui ont été alphabétisées dans le cadre de l'école, sont sorties du système scolaire en ayant peu ou mal acquis les savoirs premiers pour des raisons sociales, familiales et fonctionnelles, et n'ont pu user de ces savoirs et/ou n'ont acquis le goût de cet usage. Il s'agit d'hommes et de femmes pour lesquels le recours à l'écrit n'est ni immédiat, ni spontané, ni facile, et qui évitent et/ou appréhendent ce moyen d'expression et de communication ».

L'illettrisme est une des conséquences importante des transformations sociétales, de l'évolution des modes organisationnelles et plus directement de l'augmentation des exigences de qualification professionnelle qu'appelle les nouveaux modes de production des biens et des services. Il s'agit là principalement de la maîtrise de la machine par l'homme et des transformations notamment induites par l'émergence et le développement des technologies de l'information et de la communication qui assure des fonctions importantes dans nos sociétés.. Ces transformations impliquent un renouvellement des compétences et des savoirs de base, et amènent une nouvelle notion plus récente encore : celle de l'illettrisme technologique. Cette forme d'illettrisme est bien sûr plus étendue que les populations en situation d'illettrisme mais éloigne encore plus de la norme sociale ceux qui sont en difficulté avec l'écriture et la lecture.

Nous retiendrons également la définition du GPLI de 1991, de Colette Dartois et Dominique Brossier qui désigne par illettrisme une maîtrise insuffisante des savoirs de base, constitués de l'ensemble des compétences, et des connaissances permettant dans différents contextes (familial, social , professionnel, culturel..) :

  • de communiquer avec autrui et son environnement par le langage oral (émis et reçu), la lecture et la production d'écrits)
  • d'utiliser les outils mathématiques permettant de compter et de mesure, d'utiliser les opérations d'addition, soustraction, multiplication et division en en comprenant le sens, d'envisager les relations de quantités entre elles : fractions, proportions, pourcentages..
  • de se repérer dans le temps subjectif( se situer par rapport à sa propre histoire , à celle de sa famille, de son groupe social de son pays, de sa culture) dans le temps objectif( lire l'heure, calculer une durée, comprendre les rapports entre les différentes unités de temps : seconde, jour, mois, semestre, année, siècle...)
  • de se repérer dans l'espace : situer la droite, la gauche, la droite de l'un qui est la gauche de l'autre quand ils sont face à face..., imaginer les faces cachées d'un volume, considérer un objet de face, de profil, de ¾, de dessus...lire un plan, des cotes, s'orienter sur une carte...

# Causes

Rappelons d'abord que l'illettrisme à de particulier le fait que l'on ait nommé ainsi un phénomène, un problème qui, jusque dans les années 70 n'en était pas un. Car bien que renvoyant à une extrême diversité de situation, l'illettrisme est à rapprocher des récentes transformations organisationnelles qui modifient notre vie quotidienne dans tous les domaines et proportionnellement, de l'augmentation des exigences de qualification professionnelle induites par un marché du travail également en pleine mutation.

L'illettrisme est donc un problème historiquement daté, du fait que les exigences sociales et professionnelles qui n'ont cessées de croître ces dernières décennies, rendant d'une part le recours à l'écrit de plus en plus obligatoire pour les actes de la vie quotidienne, et restreignant d'autre part les relations sociales, l'accès à la culture et au marché de l'emploi pour les personnes de faible qualification.

Les personnes en situation d'illettrisme ont été alphabétisées dans le cadre de l'école. Elle sont donc sorties du système scolaire en ayant pas ou mal acquis les savoirs premiers pour des raisons sociales, familiales et fonctionnelles, et n'ont pu user de ces savoirs et/ou n'ont jamais acquis ou conservé le goût ou l'usage de ces apprentissages.

Trois types de raisons sont avancées par les professionnels pour expliquer l'illettrisme : les raisons personnelles, la faillite de l'école et l'environnement socio-culturel :

  • Les difficultés personnelles susceptibles d'expliquer l'échec de l'apprentissages scolaire
    • les personnes qui ont eu une scolarité écourtée ou bien troublée (accidents, drames familiaux, maladies, migrations, délinquances,...)
    • celles qui ont des difficultés générales d'apprentissage pas seulement la lecture et l'écriture mais aussi concernant le fait même d'apprendre (problèmes psychologiques, culturels,, problèmes de mémoire, rigidité, limitation intellectuelle...)
    • celles qui rencontrent des difficultés spécifiques dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture (handicap sensoriel, conflit névrotique, analphabétisme fonctionnel ou dyslexie développe mentale, mauvaise maîtrise linguistique, de l'orale, grande pauvreté de vocabulaire et d'expression, confusion des sons troubles du langage associé,...)
  • L'école et ces méthodes d'enseignement : cette dernière se retrouve souvent sur le banc des accusés. Sinon comment expliquer que les adultes n'ont rien gardé de leurs dix années passées en son sein ?
  • L'oubli la prépondérance de l'image, une utilisation familiale de l'écrit très éloignée de l'usage et du type d'écrit valorisés par l'école, une situation professionnelle ou l'écrit existe dans un registre stéréotypé sont aussi responsable de l'illettrisme.

Nos recherches sur l'illettrisme nous ont permis d'observer trois approches différentes pour comprendre l'illettrisme – trois axes de recherche :

  • linguistique avec en chef de fil Alain Bentolila (1) qui postule que l'illettrisme est une conséquence d'une violence et d'une marginalisation subie notamment par les jeunes adultes dont le langage a été forgé dans un cercle réduit. De ce fait, ces populations auraient perdues la capacité à donner du sens au langage.
  • fonctionnel ou l'étude de la dyslexie fonctionnelle (2), proche de ce que l'ONESCO nommait en 1978 l'analphabétisme fonctionnel, qui remet en cause l'idée que nous aurions tous les mêmes chances de réussite à condition d'avoir le même environnement. Il s'agit d'une difficulté des personnes à acquérir les processus d'identification et de reconnaissance des mots. Ainsi, un sujet dyslexie n'atteindra pas le sens d'un texte parce qu'il n'arrivera pas à déchiffrer les graphes qui le constitue.
  • symbolique que soutient Yvonne Johannot (3) qui propose un autre éclairage sur la question de l'illettrisme et interroge le rapport symbolique et culturel de l'écrit. Pour elle, l'illettrisme est lié à la motivation plus ou moins consciente de l'apprenant pour donner du sens à la chose écrite. Le système de valeur auquel fait référence le livre est en mutation, il est flou. Le livre lui reste un vecteur de pensée, d'une culture dont l'illettré n'a peut être rien à faire.

# Conséquences

Historiquement, l'illettrisme est associé à l'exclusion.. Cette approche sociale du phénomène dont ATD-Quart Monde est un représentant, est contrainte par une question économique : celle de l'accès à l'emploi considéré dans notre pays comme l'un des principal facteur d'insertion sociale.
Au cours de ces dernières décennies de nombreux chercheurs ont démontré les relations étroites entre illettrisme, précarisation, marginalisation et exclusion.

Si certaines personnes en situation d'illettrisme arrivent à développer des stratégies de contournement ou de compensation, plusieurs études montrent combien il est difficile pour les personnes en situation d'illettrisme, alors que l'écrit est dans notre société à la fois vecteur d'information et connaissance, de ne pas être en difficulté dans les actes quotidiens de la vie, dans leur dimension personnelle, professionnelle, et plus largement citoyenne.

L'illettrisme contraint et limite la capacité des personnes à s'informer, à agir, à penser, à construire du signifiant et à donner du sens aux choses. Dès lors, l'illettrisme enferme, marginalise et peu conduire à l'exclusion.

Une enquête (2) réalisées auprès des bénéficiaires du RMI en 1993, a montré que les personnes en situation d'illettrisme étaient sur-repésentées parmi les Rmistes et qu’elles semblaient avoir beaucoup plus de mal que les autres à sortir du dispositif.

Parmi les principales conséquences de l'illettrisme :

  • le développement d'un sentiment de dévalorisation de soi
  • les difficultés à communiquer, à s'exprimer, à échanger
  • les difficultés à utiliser des biens et des services, à accéder aux soins, au logement, ...
  • les difficultés à accéder à l'information à construire de nouvelles connaissances
  • les difficultés à accéder à l'emploi
  • les difficultés à participer à la vie sociale

Mais dans notre société en pleine mutation, où le contenu même des savoirs de base est tous les jours remis en question, la notion d'illettrisme, directement liée aux transformations sociétales et à ses exigences sociale, culturelles, politiques et économiques, évolue en permanence et renouvelle régulièrement ses conséquences .

Parmi les transformations de ces dernière décennies, celles de l'évolution des Technologies de l'Information et de la Communication revêt d'une importance majeure de part les modes d'organisation qu'elles imposent suivant les principes du déterminisme technologique ou les usages qui en sont fait suivant les principes de l'appropriation sociale.

Au centre de ces évolutions on trouve le changement de statut de l'information. Il est dorénavant représentation de la connaissance et marchandise, processus et produit, il redéfinit notre rapport au monde et au savoir, notre manière de percevoir les choses et nos modes de pensées.

Ces évolutions ont donc inévitablement données naissance à une nouvelle forme d'illettrisme, l'illettrisme technologique qui, s'il est plus répandu que l’illettrisme, représente un danger nouveau et supplémentaire pour les individus de se voir exclus de notre société et plus largement, de la société de l’information.

Suivant la manière dont on aborde la question de l'illettrisme, ses conséquences sont soit individuelles et variables en fonction de la nature de l'illettrisme, soit collectives et pose des problèmes d'ordre sociaux, culturels et économiques. En tout état de fait, l'illettrisme est un phénomène social et culturel important dont formes et les conséquences se renouvelles sans cesse et qui peu conduire à l'exclusion par de nombreux chemins.

Evaluation

Vrai / Faux

  • Une personne en situation d'illettrisme ne sait pas lire, ne sait pas écrire / faux
Elle a appris, elle a perdu l'usage par un manque de pratique. Exemple : elle est restée sans emploi pendant plusieurs années, a quitté le système scolaire 
tôt et n'a pas l'usage de la lecture dans sa vie quotidienne et / ou dans son travail
  • Les personnes en situation d'illettrisme, en France, représentent environ 10% de la population / vrai,...
Elle représentent ....voir carte de France et déclinaison par région, départements
  • La notion d'illettrisme renvoie à l'autonomie des gens dans les actes quotidiens de leur vie / vrai
Si des personnes sont en difficulté dans leur vie quotidienne (à titre personnel ou professionnel) c'est peut-être qu'elles sont en situation d'illettrisme. 
A partir du moment où elles ne peuvent pas se débrouiller seule, qu'elles mettent en place des stratégies de contournement ou de compensation, qu'elles 
sollicitent d'autres personnes...(voir avec Marie)
  • Les personnes en situation d'illettrisme sont souvent des personnes qui ont de faibles revenus / vrai
% de Rmist parmi les illettrés...
  • Avant 1978, il n'y avait pas de personnes en situation d'illettrisme en France / faux
Les personnes en situation d'illettrisme n'étaient pas prises en compte. Le terme est apparu dans un rapport sur la pauvreté rédigé par ATD-Quart Monde pour
marquer l'émergence d'une nouvelle population en difficulté d'apprentissage qui cumule souvent d'autres difficultés : difficultés de logement, de santé, 
d'emploi,...et la distinguer des populations analphabètes
  • L'illettrisme se soigne / faux
L'illettrisme n'est pas une maladie. Des actions de remédiation sont mises en place pour réduire l'illettrisme. Ce sont des organismes spécialisés dans 
les savoirs de base qui organisent et animent ces actions.
  • L'illettrisme réduit la capacité des Hommes dans leurs actes citoyens / vrai
Une personne en situation d'illettrisme aura des difficultés à s'informer et aussi à exprimer son opinion. De fait, elle aura une capacité d'action 
réduite en tant que citoyen : elle peinera à prendre position dans des débats publics, à se construire une opinion...
  • Une personne en situation d'illettrisme ne pourra pas utiliser un ordinateur / faux
Avec quelques aménagements (configurations) ou le cas échéant grâce à des périphériques une personne en situation d'illettrisme pourra utiliser un 
ordinateur pour des usages de base ou plus aboutis. C'est la nature de l'illettrisme et les possibilités offertes par la technique qui détermineront le  
niveau d'autonomie de la personne. 
  • Aucun dispositif ne permet de repérer de manière systématique les personnes qui sont en situation d'illettrisme en France / vrai
Avant ???? le repérage des personnes en situation d'illettrisme était assuré de manière systématique par l'armée dans le cadre des 3 jours obligatoires.
Depuis la réforme de ...ce n'est plus le cas.

Bibliographie

  • Des Illettrés en France : Rapport au Premier ministre de Véronique Espérandieu
  • 60 propositions (1982) de G.Oheix
  • Le C.L.E.O. (Centre de Langage Ecrit et Oral, Phoniatrie Préventine)
  • L’ARALE (Association Recherche/Action autour de la lecture et de l’écriture dans l’Isère)


Sitographie

  • Blabla
  • Blabla


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